KRISTOFER DOMPIERRE
Dans ma pratique de peinture et de dessin, je me fixe des règles à suivre que je me permets ensuite de briser et de déjouer. Par exemple, il pourrait s'agir de peindre sans peinture, de ne pas faire de croquis préparatoire pour commencer un portrait ou de dessiner à la main gauche.
Lorsque je m'apprête à créer une oeuvre, je m'installe dans une certaine zone de chaos. Cela me motive à mettre de l'ordre dans mes idées. Je me bourre la tête de références cinématographiques du genre d'horreur pour m'aider à imaginer mon contenu à travers des trames sonores (musique ambiante autant que de la musique agressive). Lorsque le chaos devient saturé, je commence à jouer avec les matières, parfois de manière aléatoire, parfois de manière très précise. Ces deux méthodes se font écho l’une à l’autre. Si je m'attaque à l'oeuvre avec la matière d'une manière hasardeuse, je viens la fignoler ensuite avec des détails très précis. Je peux aussi travailler d'une manière très appliquée, pour ensuite attaquer la toile avec férocité et expressivité pour y mettre plus d'émotions. Je cherche à abstraire cette émotion de mon expérience pour la canaliser sur le canevas, ou sur le support de mon choix. J’aime jouer avec une grande variété de matières, car je m'intéresse à leurs diverses propriétés. Par exemple, je peux utiliser l'acrylique, la cendre de cigarette, ou même mon propre sang. Finalement, je ne souhaite pas trop parler du sens de mon travail, car je veux laisser la place aux interprétations des autres. Il est important que l'émotion que j'y mets rejoigne ceux qui regardent l'oeuvre. Je vois mon parcours artistique comme une accumulation de parties de plaisir formant mon questionnement sur la beauté et la laideur. C’est un jeu et non pas un travail. |