LAURENCE MALETTE
La traduction de mes perceptions en images se fait majoritairement par l’usage de la peinture et de la photographie. La photographie est surtout utilisée comme moyen à ma peinture.
Je me sers d’abord de la photographie comme structure de base aux tableaux. C’est avec la peinture que je réussis à modeler l’image en choisissant d'exagérer, de réinventer ou d'ignorer certaines informations contenues dans la photo.La notion de l’ordinaire est au centre de mes questionnements. Décrite comme étant ce qui s'oppose à l'extraordinaire, je tends à rejeter toute forme d’action ou d’événement hors de ce qui est considéré comme quelconque. J’explore cette notion en représentant des objets ou des scènes du banal. Par exemple, je choisis des objets insignifiants tels des sacs de poubelles, des morceaux d'aluminium et de plastique, de la glace et de l'eau. En les retirant de leur environnement d'origine et en les isolant dans l'espace pictural d'un tableau, je tente de les révéler dans une nouvelle plénitude. Le seul fait de les représenter les magnifie, les ranime par une nouvelle poésie et les transforme en objets extraordinaires, par leurs qualités subtiles de matérialité, luminosité et texture. J’évoque une esthétique de l'ordinaire dans la représentation picturale de mise en scène d'individus. Je cherche à peindre un moment de vie privée qui est sans artifice et qui semble sans intérêt. Il s'agit de révéler la face cachée des gens, ce qui n'est pas donné à voir dans leurs moments de solitude et d'insouciance d'être vus. Je tente de générer une scène intrigante et un portrait peu flatteur à la manière d'un objet trouvé; c'est-à-dire sans indice de ce qui se passe avant ou après la scène. Il s’agit d’une capture comme un instantané d'un moment de vie dans lequel le spectateur est invité à s'immiscer. |